III. LE POLYSTYRENE (OU LE STYRENE) ET L'ART

Publié le par polymerisation-styrene.tpe.over-blog.com

En plus d'être présent dans notre quotidien le styrène a également inspiré des artistes poètes, sculpteurs, cinéastes.

 

1) La littérature

 

 

a → Raymond QUENEAU et le chant du styrène

 

Né le 21 février 1903, il meurt le 25 octobre 1976 (73 ans).

Après avoir obtenu son bac  il quitte le Havre pour Paris ou il obtiendra sa licence de philosophie. Il rejoint en 1924 un groupe de poésie surréaliste qu’il quittera 5 ans plus tard. Il conclue de cette expérience que le surréalisme n’est pas sa voie mais il gardera le goût du surréaliste pour l’inventivité verbale et les jeux de mots.

Il s’intéresse beaucoup aux sciences, notamment aux mathématiques.

Queneau est classé parmi les auteurs modernes. Il a traversé plusieurs mouvements littéraires, le surréalisme, la littérature engagée et le nouveau roman mais ne s’est jamais inscrit dans une de ces modes. Il a su imposer un style original qui combine fantaisie et poésie.

Il est membre fondateur du groupe OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) constitué de mathématiciens, philosophes, scientifiques … ¨dont l’idée était de montrer que l’on pouvait écrire des textes magnifiques en respectant des contraintes très fortes qui ressemblent pour beaucoup à des structures mathématiques.¨

 

Nous avons étudié ce poème de Raymond QUENEAU qui relate sa fabrication du polystyrène.

 

«O temps, suspends ton bol, ô matière plastique

D’où viens-tu ? Qui es-tu ? et qu'est-ce qui explique

Tes rares qualités ? De quoi donc es-tu fait ?

D'où donc es-tu parti? Remontons de l'objet

À ses aïeux lointains ! Qu'à l’envers se déroule

Son histoire exemplaire. Eu premier lieu, le moule.

Incluant la matrice, être mystérieux,

Il engendre le bol ou bien tout ce qu'on veut.

Mais le moule est lui-même inclus dans une presse

Qui injecte la pâte et conforme la pièce,

Ce qu présente donc le très grand avantage

D'avoir l'objet fini sans autre façonnage.

Le moule coûte cher; c’est un inconvénient.

On le loue il est vrai, même à ses concurrents.

Le formage sous vide est une autre façon

D'obtenir des objets : par simple aspiration.

À l'étape antérieure, soigneusement rangé,

Le matériau tiédi est en plaque extrudé.

Pour entrer dans la buse il fallait un piston

Et le manchon chauffant - ou le chauffant manchon

Auquel on fournissait — Quoi ? Le polystyrène

Vivace et turbulent qui se hâte et s'égrène.

Et l'essaim granulé sur le tamis vibrant

Fourmillait tout heureux d'un si beau colorant.

Avant d'être granule on avait été jonc,

Joncs de toutes couleurs, teintes, nuances, tons.

Ces joncs avaient été, suivant une filière,

Un boudin que sans fin une vis agglomère.

Et ce qui donnait lieu à l’agglutination ?

Des perles colorées de toutes les façons.

Et colorées comment ? Là, devint homogène

Le pigment qu'on mélange à du polystyrène.

Mais avant il fallut que le produit séchât

Et, rotativement, le produit trébucha.

À peine était-il né, notre polystyrène.

Polymère produit du plus simple styrène.

Polymérisation : ce mot, chacun le sait,

Désigne l'obtention d'un complexe élevé

De poids moléculaire. Et dans un réacteur,

Machine élémentaire œuvre d'un ingénieur,

Les molécules donc s'accrochant et se liant

En perles se formaient. Oui, mais — auparavant ?

Le styrène n'était qu'un liquide incolore

Quelque peu explosif, et non pas inodore.

Et regardez-le bien; c'est la seule occasion

Pour vous d'apercevoir ce qui est en question.

Le styrène est produit en grande quantité

À partir de l'éthyl-benzène surchauffé,

Le styrène autrefois s'extrayait du benjoin,

Provenant du styrax, arbuste indonésien.

De tuyau en tuyau ainsi nous remontons,

A travers le désert des canalisations,

Vers les produits premiers, vers la matière abstraite

Qui circulait sans fin, effective et secrète.

On lave et on distille et puis on redistille

Et ce ne sont pu là exercices de style :

L'éthylbenzène peut — et doit même éclater

Si la température atteint certain degré.

Quant à l'éthylbenzène, il provient, c'est limpide,

De la combinaison du benzène liquide

Avecque l'éthylène, une simple vapeur.

Ethylène et benzène ont pour générateurs

Soit charbon, soit pétrole, ou pétrole ou charbon.

Pour faire l'autre et l'un l'un et l'autre sont bons.

On pourrait repartir sur ces nouvelles pistes

Et rechercher pourquoi et l'autre et l'un existent.

Le pétrole vient-il de masses de poissons ?

On ne le sait pas trop ni d'où vient le charbon.

Le pétrole vient-il du plancton en gésine ?

Question controversée... obscures origines...

Et pétrole et charbon s'en allaient en fumée

Quand le chimiste vint qui eut l'heureuse idée

De rendre ces nuées solides et d'en faire

D'innombrables objets au but utilitaire.

En matériaux nouveaux ces obscurs résidus

Sont ainsi transformés. Il en est d'inconnus

Qui attendent encore la mutation chimique

Pour mériter enfin la vente à prix unique.»

 

 

Analyse du texte :

 

Ce poème Oulipien est une parodie, car il compare la formation du polystyrène à la création de l’homme. Raymond Queneau place la matière plastique sur un piédestal en la mettant au niveau de l’Homme.

 

La parodie commence déjà dans la forme du poème qui est écrit en alexandrins, cette longueur de vers est normalement utilisée pour les thèmes nobles.

On remarque qu’il utilise des rimes suivies deux à deux et des figures de style qui appuient encore la parodie car ce sont des procédés utilisés dans les grands poèmes à thème noble.

 

Pour le titre, il s’inspire du « chant des sirènes » et le transforme en « le chant du styrène ». Tout au long de cet ouvrage, Raymond Queneau fait des clins d’œil à de grandes œuvres de la littérature.

Le premier vers renvoie au poème Le Lac de Lamartine qui est sur le thème de l’amour ainsi "O temps suspend ton bol, o matières plastique" fait débuter le poème comme une déclaration au styrène personnifié ; puis se pose des questions sur celui-ci auxquelles il répondra tout au long du poème.

 

Dans son explication de la fabrication du styrène, R. Queneau fait référence à plusieurs évènements tels que le Big-Bang ou la création de l’homme. Il place ainsi le styrène à l’origine de tout.

 

Il commence par la création de la Terre lors du Big-Bang ; dans la forme cette œuvre peut nous rappeler l’événement car il semble partir dans tous les sens. Ensuite l’obtention du polystyrène, comme celle de la Terre provient d’une explosion ¨le polystyrène […] vivace et turbulent qui se hâte et s’égraine¨ puis de l’assemblage de tas de choses ¨joncs de toutes couleurs, teintes, ton …¨ qui ¨là [deviennent homogènes]¨.

 

Des vers 51 à 56, Raymond Queneau fait référence au groupe Oulipo, ce passage montre le fonctionnement de l’idée Oulipo. Ils "remontent  a travers le désert des canalisations¨ qui peut être assimilé au désert de la littérature, au ¨produits premiers¨ donc les origines les mathématiques et vers la ¨matière abstraite¨ qui est le sens du mot. Ils ¨lavent, distillent et redistillent¨ jusqu'à trouver le sens exact du mot pour ne plus être dans l’exercice de style, référence littéraire d’une de ses œuvres ou il raconte 99 fois le même extrait de façons différentes.

 

Du vers 63 à la fin du poème, R. Queneau parodie l’arrivée de l’Homme sur Terre en comparant Adam et  Ève au ¨charbon¨ et au ¨pétrole¨. Avec une  ¨question controversé … obscures origines¨ on ne sait pas vraiment d’où ils viennent. ¨pétrole et charbon s’en allaient en fumée¨ cette fusion est la comparaison au péché originel quand Ève croque la pomme. ¨le chimiste¨ serait incarné par Dieu ¨qui eut l’heureuse idée de rendre ces nuées solides¨ qui les envoie avec sur Terre avec ¨d’innombrables objets utilitaires¨ sûrement en plastique, afin de racheter leur faute. Ils attendent maintenant ¨la mutation chimique¨ la mort  qui serait la délivrance pour ¨mériter enfin la vente à prix unique¨ l’accès au paradis.

 

 

Ce poème est donc une œuvre entièrement métaphorique qui compare la fabrication du styrène a la création de la Terre et de l’Homme.

 

b →Une autre version par PECHINEY


¨Un univers insolite, certes, mais qui mène au monde connu de chaque jour...

Cet univers mystérieux, c'est celui de ces objets courants qui désormais font partie du décor de notre vie, et

qui sont avant tout utiles, agréables, usuels...

De ce monde d'objets, quelle est donc l'origine ?

Remontons le cours de leur genèse. Parvenons, à travers les états successifs de leur matière, jusqu'à leur

origine minérale ou organique, naturelle comme tout ce qui est...

Voici d'abord le moule...

... de sa conception dépend la réussite de milliers d'objets.

Horizontales (ou) verticales, les presses injectent sous forte pression le polystyrène fondu.

Autre méthode : le formage sous vide où le polystyrène, préalablement transformé en plaques, vient

s'appliquer sur une matrice.

Pour fabriquer ces plaques, on doit faire appel à des techniques délicates où les températures de travail

jouent un rôle important.

Avant d'être objet, le polystyrène se présentait sous l'aspect de granulés transparents ou colorés,

Ces granulés avaient été obtenus à partir de joncs.

Ces joncs provenaient eux-mêmes de perles minuscules brassées avec des colorants.

C'est sous cette forme (de perles) que le polystyrène devait prendre naissance au fond des autoclaves où le

styrène se polymérise...

Le styrène était auparavant un liquide incolore...

Offert exceptionnellement à notre vue avant d'être dirigé vers les usines de polymérisation.

Le soin de produire le styrène est confié à ces étranges vaisseaux surgis à même le sol...

A travers le désert des canalisations, remontons vers les produits premiers qui circulent sans fin, invisibles et

secrets.

Que l'on rencontre peu d'hommes dans ces installations n'exclut pas la nécessité du contrôle...

Seules les aiguilles oscillant sur des cadrans expriment la vie interne de ce monde.

Le styrène monomère est issu de la combinaison de l'éthylène et du benzène.

Mais, d'où vient le benzène ? Il dérive soit du charbon, soit du pétrole...

Et c'est la ronde des nombreuses opérations de raffinage, de distillation et de recyclage.

Quant à l'éthylène, il est extrait des gaz des fours à coke ou obtenus par cracking du pétrole.

Une matière nouvelle est née dont la nature fournit en abondance les éléments : le pétrole, le charbon.

Désormais le charbon et le pétrole ne sont plus seulement sources de chaleur ou d'énergie. Ils sont à

l'origine de ces matières nouvelles qui transforment notre existence.

Ainsi se matérialise maints objets qui, sans les subtiles transformations de la chimie, ne seraient, comme

autrefois, que vaines fumées perdues dans l'atmosphère¨

 

Ce poème est une sorte de résumé de l'œuvre de R, Queneau, donc il reprend donc les même idées et place le styrène au dessus de tout (On peut appliqué notre analyse du poème de Raymond QUENEAU à ce poème) . Il confirme notre analyse car il emplois le terme de ¨genèse¨.

 

2) Un film

 

Le chant du styrène : • Court métrage français

                               • Documentaire

                               • Durée : 19 minutes

                               • Produit en 1958

                               • Musique composé par : Pierre BARBAUD

                               • Voix-off : Pierre DUX

 

Alain RESNAIS, né le 13 juin 1922. En 1943 il intègre la première promo d'IDHEC (Institut De Hautes Etudes Cinématographique) en section montage. C'est un acteur, réalisateur, scénariste, monteur et assistant réalisateur reconnu et récompensé plusieurs fois : il obtient plusieurs prix Jean Vigo, Césars ainsi qu'un Ours d'or d'honneur.

 

Le film

 

Le chant du styrène a été commandé par les usines Péchiney, usines fabriquant du polystyrène. A cette époque faire un film pour promouvoir son entreprise était en vogue.


Synopsis : Du bol en plastique au pétrole, toute la chaîne industrielle conduisant à la fabrication d'objet en 

                plastique

 

                     

                                          
                       

  


Quelques commentaires :

 

Le court métrage débute par une citation de Victor Hugo :

 

« L'homme se fait servir par l'aveugle matière,

Il pense, il cherche, il crée. A son souffle vivant

Les germes dispersées dans la nature entière

Tremblent comme frissonnent une forêt au vent. »

 

Au début le film est déroulé à l'envers, les objets fondus se reforment.

Il s'arrête sur un bol, là commence la narration du poème de Raymond Queneau.

Ensuite nous voyageons à travers l'usine Pechiney et voyons le procédé de moulage de différents objets.

Nous en arrivons à la coloration du polystyrène.

Toutes les étapes nécessaires sont ainsi passées en revu. Puis le film se termine sur le pétrole et le charbon, matières premières du plastique tout en passant au préalable par une explication sur le styrène.

Tout au long du film nous assistons au rembobinage de la création d'objets plastiques, nous partons de l'objet finit et remontons à sa « naissance » en visionnant chaque étape.



Les images de la production des objets plastiques nous paraissent comme artistiques avec des cadrages et des mouvements de camera qui rythment le montage.



De plus ce film est haut en couleur ce qui rajoute de la gaieté et qui le rend plaisant a visionner.

Le film a un regard amusé sur le monde qui se remodèle.

                                    

 

3) La Sculpture

 

a → La Pietà Goes Geek de Kordian Lewandowski.

 

 pieta-size.jpg 

 

Ce designer s’est inspiré de la Pietà de Michel Ange et en a fait une œuvre contemporaine en alliant un matériau moderne qui est le polystyrène avec une statue à l’effigie de personnages Nintendo.

Sur cette œuvre il a remplacé Marie par Princess Peach qui tiens Jésus ici incarné par Mario Bross qui vient de subir le ¨GAME OVER¨. Cette œuvre est un mélange entre le drame de l’art de la renaissance et des jeux vidéos, un art d’aujourd’hui.

 

Kordian Lewandowsky fait également de nombreuses autres sculptures.

Son site : http://wielkiartysta.pl/content/index.html

 

montage-pieta.jpg 

 

b → Simon Cavanough

 

Ce français a crée des sculpture a partir de styrène.

 

 

an-almost-complete-world-of-styrene-2-copie-1.jpg 

Interprètation de la sculpture : La sculpture pourrait accueillir la Terre comme un support (formes  

                                             complémentaires).

                                             Le titre fait un parallèle avec le poème de R.Q, Simon Cavanough associe le 

                                             styrène avec le monde, la Terre.

 

 

 

almost certain death2

 

Interprétation de la sculpture : Nous voyons dans cette sculpture une représentation des attentas du 11 septembre,

                                          en effet le soda connote les USA, le pavé en plastique serait une des tours jumelles, 

                                          mais ce qui confirme notre hypothèse c'est l'avion qui entre en collision avec "la tour".

                                          Le titre "une mort presque certaine" en français nous laisse pensé que le sculpteur fait

                                          un parallèle entre le fait que le plastique soit un composé fabriqué chimiquement

                                          et en masse et les armes chimiques qui sont de plus en plus utilisé et qui cause une

                                          grande quantité de décès donc mort de masse (exemple d'Hiroshima).

 

 

pop2

 

 

future-movement2.jpg

 

 

even-for-the-greatest-distraction-i-would-never-leave-you2.jpg

 

Pour les 3 photos précédentes nous n'avons pas trouvé d'interprétations plausibles.

 

Photos protégé par droits d'auteurs : http://www.flickr.com/photos/simoncavanough/with/3634784391/


L'artiste, Simon Cavanough fait également d'autres sculpture avec d'autres matériaux, elles sont exposées sur sont site.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article